Christina Morillo / Pixels

TESTS - Evaluer les "soft skills" (compétences douces)

Les "soft skills", C'est quoi exactement ? - Capital.fr

Publié vendredi 03 septembre 2021 à 13h10

 

 Extrait d'un article écrit par Marie-Madeleine Sève

  - Publié le 05/06/2020 à 10h45 par CAPITAL

- Issu du magazine Management

(Image : Christina Morillo/Pexels)

Solidarité, empathie, résilience… Dans ces périodes troubles, les "compétences douces" sont plus que jamais nécessaires. Mais leur définition scientifique pose encore question, ainsi que leur mode d’apprentissage et d’évaluation. Débat.

 

Management : Le terme de soft-skills est mis à toutes les sauces. De quoi parle-t-on au juste ?

Michel Barabel : Ce terme "branché" est en effet fourre-tout, on confond résilience et capacité à communiquer, empathie et capacité d'écoute... Il y a très peu de travaux scientifiques sur le sujet. Cécile Jarleton, doctorante en psychosociologie du travail, explique très bien l'amalgame entre trois concepts distincts : un, les traits de personnalité innés et stables dans le temps tels qu'extraversion/introversion, ouverture d'esprit, curiosité… ; deux, les états émotionnels tels que bonne humeur, satisfaction, abattement, enthousiasme et, trois, les compétences qu'on peut acquérir, consolider et actionner et à tout moment, tels l'art oratoire, la créativité, l'agilité. Je rappelle aussi la définition du sociologue Guy Le Boterf, pour qui la compétence est l'activation de plusieurs savoirs, théoriques, techniques, comportementaux, dans un contexte donné permettant à un individu d'atteindre des résultats ou une performance.

Maurice Thévenet : J'y ajouterai les valeurs, ce qu'on appelait les "vertus" autrefois, courage, loyauté, solidarité, engagement etc. En outre, les soft skills découlent de la capacité à se mobiliser, à apprendre, à se connaitre soi-même, à s'accepter, à se questionner et à assumer des relations positives avec son entourage. La coopération consiste par exemple à savoir travailler avec les autres, à interagir avec des chefs, des collègues, des pairs qu'on n'a pas choisis, et ce sur la longue durée. Par ailleurs, selon moi la curiosité est une soft-skill, car elle se traduit concrètement par la capacité à chercher l'information et à confronter les avis.

En quoi ces compétences sont-elles plus nécessaires aujourd'hui qu'hier ?

Maurice Thévenet : Relativisons ! Il semble qu'on redécouvre l'eau chaude. Les soft skills intéressent les organisations depuis longtemps, au premier chef l'armée, très concernée par les questions de commandement. L'attention qu'on leur porte dépend beaucoup de l'état du marché du travail. Sur les métiers en tension, dans le numérique ou l'intelligence artificielle, les employeurs se préoccupent plus des hard skills que des soft. Ceci dit, la transversalité du management exige aujourd'hui des salariés un sens accru du collectif, une agilité intellectuelle aigue et une plus grande intelligence émotionnelle.

Michel Barabel : Avec cette terminologie anglo-saxonne, on assiste en effet à un relooking du "savoir-être". Mais il y a un changement majeur. Auparavant, nous vivions dans un monde relativement stable et prévisible, nous pouvions considérer les compétences comme un "stock" ou un "actif". Il fallait les accumuler pour réussir professionnellement.

Au 21e siècle, la compétence est devenue un flux. Avec le big data, l'accélération des ruptures technologiques, l'accès libre à l'information, l'individu doit être capable de renouveler son stock, ce qui a sonné le glas des seules hard skills. On assiste aujourd'hui à l'émergence des compétences "folles", les "mad skills", soit la capacité à exceller dans un domaine, de penser "en dehors" ou d'être rebelle pour devenir "innovateurs".

Les compétences techniques "dures" passeraient donc au second rang ?

Michel Barabel : Je n'observe rien de tel. Pour moi, les soft skills subliment les hard skills, elles permettent de mieux les exploiter. Tel l'avocat très pointu sur la jurisprudence mais qui doit aussi être capable de faire un numéro de charme pour convaincre. En outre, les soft skills restent l'apanage de l'espèce humaine et sont donc le meilleur rempart contre le risque de domination de l'intelligence artificielle et des robots. La vérité est dans l'ambidextrie, la faculté à combiner compétences dures et douces.

Maurice Thévenet : Les hard skills primaient à l'époque du plein emploi et des "soft jobs", tranquilles et durables. En 2020, les soft skills prennent le pas dans une époque de "hard jobs", plus précaires, polymorphes et stressants. C'est aussi une façon de faire passer la pilule… Tous les problèmes de performance et de bien-être se résoudraient dans des soft skills appropriées qui seraient innées ou qu'il suffirait d'acquérir, sans idée d'effort. A la différence des hards skills, dont l'acquis n'est pas toujours garanti. "... 

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Thévenet est délégué général de la Fnege (Fondation nationale pour l'Enseignement de la estion des entreprises, en universités et en écoles du supérieur).

Michel Barabel est responsable du master 2 Gestion des ressources humaines, à l'IAE Gustave-Eiffel à Paris.

 

 repéré depuis : https://www.capital.fr/votre-carriere/les-soft-skills-cest-quoi-exactement-1371832

 

 

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